Nineteen, a slick-cover zine printed on quality stock, was published
in Toulouse, France (in the south, near the Pyrenees). Hüsker Dü
had a solid if not huge following in France, but played relatively few
gigs there in comparison, for example, to England and Germany. The
Hüsker article in this issue reviews the
band's career with emphasis on the impact of
Candy Apple Grey on the band's punk following.
(Warehouse
had just been released when the
piece was written, but the author hadn't yet heard it, so it doesn't factor
into the discussion of musical directions at all.)
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Hüsker Dü | Hüsker Dü | ||||||||
Alors qu'ils en sont déjà à leur septième album (je n'ai pas encore entendu le dernier), nous nous décidons seulement à parler d'Hüsker Dü, au moment même où parmi leurs fans de la première heure, ils s'en trouve pour avoir mal encaissé le disque précédent, Candy Apple Grey. Il faut dire que, premier rejeton d'un récent contrat avec un major, il grévait déjà lourdement la crédibilité du groupe auprès des punks durs. Le contenu infiniment plus rock que le précédent n'était pas pour diminuer un tel passif. Alors, qu'est-ce à dire ? Nineteen terre d'accueil des transfuges ? Il suffirait que la patte blanche qu'on nous montre soit porteuse d'un profession de foi rock pour qu'on ouvre les bras ? Non pas. A lui seul, le fait que le trio de Minneapolis se révèl comme un groupe iconoclaste, inventif et prenant des risques suffisait à attiser la curiosité. Il n'y avait plus qu'à remonter la piste pour s'apercevoir très vite que l'intérêt limité pour un des chefs de file du hard core était destiné tôt ou tard à se transformer en un coup de foudre pour un groupe hors-norme. Sur le seuil de ce premier contact, Candy Apple Grey, un album parfait d'intensité et de profondeur, composé de titres très forts, projectiles pop compacts comme une bille d'acier, et de ballades acoustiques contenant toute la tristesse du monde. Des talents de compositeurs qu'on ne peut pas sous-estimer. Et on s'aperçoit en leur regardant par dessus l'épaule, qu'au fond leur musique n'a pas réellement changé : les mêmes morceaux en habit de hard core, accélerés et couverts de distorsion pourraient être tous droit sortis de Zen Arcade, leur premier double album datant de 84. Il n'y a pas réelle rupture dans leur style si ce n'est dans la barrière d'inaccessibilité qui constitue pour beaucoup la vocifération de hard core. Pour quelqu'un entré par cette porte dans la musique d'Hüsker Dü, les disques à partir de Zen Arcade justement, ecoutés par la suite révèlant déjà la même intelligibilité, la même force des titres, mais au lieu d'en avoir le sentimant immédiat on y pénètre comme dans le brouhaha d'une usine qui vouos assaille tout d'abord, laisse ensuite se dessiner petit à petit |
dans Metal
Circus va gagner un cran. On a parlé à propos de ce
disque du London Calling américain, de l'ecclecticisme de
l'Album Blanc. Les compositions de Mould et Hart se
différencient. Le premier se trouvant nettement attiré vers une
style lus familiàrement rock dans ses structures, tandis que le second
mélange tout, ne recoule ni devant les sons désarticulés,
ni devant les mélodies pops les plus pures chantées sur un
matelas clouté de guitares distordues. On y trouve aussi beaucoup de
ces morceaux hard core fulgurants dont le groupe a fait sa première
pitance, c'est ainsi qu'au milieu de la fournaise s'isolent des
clarières de douceur, des accents blues ou même acid-rock qui
viennent tempérer le magma de colère.
Les deux disques suivants vendront confirmer le mouvement de fissurage du moule hard core : New Day Rising que Mould considère comme un espèce de retrait, "une réaction à Zen Arcade qui était long, sombre et pessimiste", et Flip Your Wig. Alors que le groupe avait laissé trop de monde tourner autour de l'élaboration du premier, il reprend en main la production de dernier. Le résultat gane en force. La fusion du rock et du hard core atteint un sommet d'intensité. C'est pourtant le moment qu'il choisit pout quitter SST et signer sur WEA, à la grande inquiétude de leurs fans qui malgré des déclarations toute à fait rassurantes ("On a eu beaucoup de propositions, on a choisi la compagnie qui nous voulait le plus pour ce qu'on était") ne manquera pas d'être ranimée par un disque comme Candy Aplle Grey. Cette apparance de rupture et réelle continuité, Hüsker Dü en fera la démonstration éclatante lors d'un rappel mémorable à New York où, à la grande stupéfaction de leirs fans punks, Bob Mould se pointe sue scàne avec une guitare douze cordes, et Hart avec un tambourin pour jouer quelques-uns de leurs classiques les plus prisés : "Makes no sense at all", "Celebrated summer", etc... Mould : "Ils sont devenus tout blancs quand ils ont vu la douze cordes et toute ce que je parvenais à penser c'était : Hé bande d'andouilles, c'est sur cette guitare que j'ai écrit ces morceaux".
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musique une approche plus posée et lucide.
Une évolution que vont aussi connaì des fanzines comme Flipside
ou Maximum Rock'n'Roll les porte - voix du hard core américain qui
étayent et preant hélas trop souvent un côté
didactique agaçant. Cette liberté nouvelle que s'offrent les
trois de Minneapolis laisse enfin le champ libre à la profonde
mélancolie de "Too far down" tout comme à la violence de
"Crystal". Le groupe ne rompt pas avec le punk hard core parce qu'il
vieillit mais parce que ce courant pour eux prenait un pli totalitaire qu'ils
ne pouvaient admettre d'un mouvement qu'ils avaient rejoint justement pour son
refus des règles. Ce qui au début faisait usage de signe de
reconnaissance, cett musique, assourdissante que seuls supportent les gens
concernés va devinir une rèle, une valeur en lieu et place de la
révolte dont elle n'était que l'expression. C'est ainsi que
vidé de son sens, ce qui servait de point de repère devient un
carcan contraignant. Mould : "Quand il est devenu apparent que le hard core
allait en empiétant toujours davantage sur la personalité ges
gens, et perdait par là même son côté productif, on
s'en est barré, mais on a entraîné beaucoup de monde avec
nous". Oui, peut-être draînent-ils effectivement eux-mêmes
quelques groupes en dehors du clan. Ce qui est sûr par contre, c'est
que nombreux sont ceux qui vont suivre une évolution similaire
d'affranchissement, que ce soit poussés par la même
cohérence dans les idées ou influencés par d'autres
groupes. Certains se dirigent vers le heavy metal, d'autres se rapprochent du
rock. Les Effigies, Squirrel Bait, Soul Asylum parrainés eux, par
Mould qui les produit sur son propre label Reflex, sont quelques exemples parmi
d"autres de plus en plus nombreux. Si un disque comme Candy Apple Grey
n'est pas l'exception, cette cohorte de groupes promet au rock une
sacrée dose d'adrénaline. Ils ont avec eux l'énergie et
(comment disait-on en 77 ?) l'urgence.
Monique SABATIER DISCOGRAPHIE - In A Free Land (Ep, New Alliance, 82) - Statues / Amusement (Sp, Reflex, 82) - Metal Circus (Ep, SST, 83) - Eight miles high / Masochisme world (Sp, SST, 84) - Mary Tyler Moore TV Show / ? (Sp, SST, 85) - Don't want to know if you're lonely / All word no play (Sp, Warner, 86) - Could you be the one / (Sp, Warner, 87) - Land Speed Record (Live Lp, New Alliance, 81) - Everything Falls Apart (Lp, Reflex, 82) - Zen Arcade (Dble Lp, SST, 84) - New Day Rising (Lp, SST,84) - Flip Your Wig (Lp, SST, 85) - Candy Apple Grey (Lp, Warner, 86) - Warehouse Songs And Stories (Lp, Warner, 87) - Participation au disque collectif A Diamond Hidden In The Mouth Of A Corpse (Lp, Giorno Poetry System, 86). |
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le claquement de l'emboutisseuse, le
son d'un martèlement, puis le frottement d'une courroie et bientôt
la voix qui vous parle doucement près de l'oreille.
Le groupe est sans histoire, ou en tout cas sans la panoplie habituelle de rebondissements. Ni changement de personnel, ni aventure malencontreuse avec management ou label, ni procès, ni heurt spectaculaire avec l'establishment. Juste une rencontre en 79 à Minneapolis. Celle de Bob Mould (guitare, chant) un lycéen d'origine new-yorkaise, Grant Hart (batterie, chant) qui travaillait dans un magasin de disques voisin et Greg Norton (basse) ancien fana de jazz et de musique électronique d'avant-garde. Ils ont entre 18 et 20 ans et donnent très vite un premier concert où ils revisitent en trois sets des morceaux allant du "Sea cruise" de Frankie Ford au "Non alignment pact" de Pere Ubu, avant de se façonner un répertoire personnel à leur manière : rapide et chaotique. Parmi les rares péripéties qui émaillent ces sept ans, on relève une poignée d'albums et de 45t., une signature chez WEA en 86, et quelques déclarations fracassantes. Reste à décrire les trois Hüsker Dü, trois pékins dont le débraillé tourne au spectaculaire (résultat : pour des gens qui n'en ont rien à foutre, jamais look n'aura fait couler autant d'encre), et les lyriques envolées rivalisant d'invention, qui vont du mystico définitif ("le sentiment de le simplicité réinventée, de la réalité prise à bras le corps") au béotien ("Une vigoureuse giclée de Domestos dans la tendre gorge de la pop"). Aucun doute là-dessus, la musique d'Hüsker Dü provoque des boufflées d'enthousiasme qui poussent &abrave; l'inflation verbale. Des réactions comme seul en son temps pouvait en provoquait le Velvet Underground. Elles sont rérérence à ce fameux je-ne-sais-quoi qu'on n'arrive pas à rendre par une explication rationelle et qui fait que même de personnes au jugement habituellement très mesuré classent |
Hüsker Dü définitivement au-dessus de la
mélée. La mélée hard core est
compris.
Et malgré un net démarquage aujourd'hui, on peut dire que le groupe ne pas été du bout des lères dans un courant qui tient aussi du mode de vie et qu'eux-mêmes résument en quatre mots : speedé, intense, rebelle, politisé. Une des expressions les plus révoltées de la société américaine, un contre-pied brutal qui en quelques années a appris à s'organiser autour de ses groupes, ses fanzines, ses labels, son look informe et sa musique hyper violente. Hüsker Dü n'en négligera aucun aspect, de l'imagerie au discours en passant par les structures et la musique. Il n'est que de voir la pochette ed Land Speed Record , leur premier album qu'ils enregistrent live à toute vitesse "parce que ces morceaux avaient deux ans et qu'il fallait qu'on le lâche avant d'aller plus loin" ; elle représente une chappelle ardente de soldats américains, le genre d'image-choc sont friands tous les punks de la terre. Les textes ensuite, angoisse et rebellion contre les absurdités de la société "we don't wanna die in your fucking war" ou sur les rapports des soumission qu'elle engendre "I'm tired doing things your way". La musique enfin, qui même pour un public hard core habitué au déflagrations qui vous décollent les cartilages, atteint des somets de violence et de confusion. Land Speed Record, toujours lui, est une veritable bouillie sonore, mais, aussi repoussant qu'il soit, ou peut-être à cause de ça, est la meilleure description qu'on peut faire d'eux. En reproduisant jusqu'à la nausée un chaos que n'est que le reflet écorché de celui qui les entoure et leur torture le cerveau, ils mettent un doigt sur l'horreur jusqu'à en faire jaillir l'humanité. D'une toute autre trempe, leur radicalité trouve ses ressorts bien plus profondément que dans l'immaturité d'un teenager. Ils ne tombent dans aucun des panneaux où foncent tête baissée une partie des groupes et de leur public, et consacrent même quelques-uns de leurs textes à des |
mises en
garde contre les déviations dangereuses du courant, ses abus
destructeurs "Too many pills... I'm too loaded to make you love properly"
ou ses propres absurdités "You tell me you're an anarchist/ what's
that swastika in your fist".
Les textes sont simples : les gifles et les absurdités de la vie qui sautent au visage, les illusions qui se cassent la gueule, la révolte qui torde les entrailles. Textes teenagers habituels dans leurs thèmes, sinon dans la manière de les aborder. Mould et Hart qui chantent chacun ce qu'ils ont personellement écrit s'acharnent sur les images, distordent les allusions en une poésie jusqu'à leur donner deux, trois, une multitude de sens. Ce qui ne les empêche pas à d'autres moments de toujours stigmatiser d'une ligne une détresse insurmontable ("What's going on inside my head"). Musicalement, ce qui était déjà en amorce | |||||||
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